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The Truffe Diaries
17 août 2009

ça dépend ça dépasse

(j'ai failli te mettre un titre de type "le sexe et les formulaires assedic" et puis je me suis retenue, j'ai pensé à ton petit frère qui reprendra l'ordi après toi et qui risque de tomber sur ce site en googlant "secrétaire salope se fait prendre sur une pile de formulaires")

Bon ami lecteur je sais bien que je t’ai encore menti en te disant que j’allais revenir tout de suite avec du croustillant à te raconter.
Mais c’est un peu comme croire un alcoolique qui habite au-dessus d’un PMU et qui te promet d’arrêter le rouge, si tu le prends au sérieux après c’est quasiment de ta faute si t’y crois, aussi. Donc fais pas le déçu s’il te plaît, tu sais bien qu’il ne faut ajouter aucune foi à mes promesses.

Bon pour me faire pardonner je vais traiter d’un sujet de fond, par opposition aux sujets de fond de slip qui tapissent d’ordinaire ce blog comme les couches culottes usagées le fond d'un égout parisien.

Je vais te parler de la police nippone.

(aucun lien avec les couches culottes usagées)
(encore que, tu vas voir)
Il faut le savoir, sur un spectre de la police du monde, à l'un des extrêmes tu as les CRS francais en mission à la Coudraie. Et à l’autre extrême tu as la police japonaise.
C’est un peu comme dans Unbreakable, comme d’un côté tu as Bruce Willis qui chope jamais la grippe, de l’autre tu as forcément un gars qui la chope à sa place. TOUTES les fois. Et comme il est en colère contre le monde entier de se choper toutes les grippes de Bruce Willis, il fait sauter des trains pour se venger. Là aussi tu vas voir la connexion entre le rhume, le train qui saute et la police nippone dans pas longtemps.

Bon allez j'arrête de sucer-Spencer.
Les policiers japonais sont essentiellement des gens qui se sont présentés au concours de puériculteur, qui ont échoué et que l’administration a recyclés dans la police, mais on n’a pas encore osé leur dire.
Ils sont donc persuadés que l’arme qu’ils portent à leur hanche est un thermomètre et que leur mission consiste à remettre les enfants passants égarés dans le droit chemin (ça non plus on leur a pas encore expliqué, c’est pour ça qu’ils ont une espèce de mascotte-bisounours et qu'ils te parlent comme si tu n'étais pas très très vif, ils croient avoir affaire à une clientèle de moins de six ans). Le policier japonais frétille quand :

A/ tu fais mine de passer EN-DEHORS de l’itinéraire sécurisé entre les deux plots oranges, la pancarte clignotante et le collègue muni d'un bâton fluorescent qu'il agite sans compter sa peine, tout ça dans le but de s'assurer que tu ne te feras pas mal en t'empallant inopinement sur une pelle, ou en tombant dans le terrible précipice d'une profondeur de vingt centimètres ouvert par leurs copains des travaux publics. Ca leur donne l’occasion d’exercer leur apostolat pour te remettre dans le droit chemin, donc.

B/ il trouve un prétexte pour te faire remplir un formulaire. Surtout s’il faut prendre tes empreintes digitales, c’est là que leur génie se manifeste dans toute son envergure, qui est grande. J'avoue être encore à la recherche d'une explication defendable à ce sujet. J'hésite entre l'interprétation puériculturologique, qui implique que les désirs refoulés de peinture avec les doigts s'expriment de cette manière, ou bien l'interprétation plus classique qui résulte d'une simple observation des moeurs administratives nippones, lesquelles sont dirigées par le principe fondamental du plus ya de papier, mieux c'est.

Le policier japonais qui a découvert qu’il n’est PAS puericulteur apres tout, et qui subsequemment a une vengeance a prendre sur le monde, un peu comme le gars qui chope les rhumes à Bruce Willis si tu suis, frétille quant à lui lorsque :

A/ il repère un étranger à l’arrêt (sinon il faut courir pour l’arrêter c’est fatiguant). Dans ces cas-là, contrôle d’identité s’ensuit, avec vérification du titre de propriété du véhicule[1]

B/ l’étranger en question est en possession d’une arme blanche[2]

C/ Il faut prendre les empreintes digitales de l’étranger. Sur ce point il s’accorde avec son collègue qui se prend pour un puériculteur, sauf que son collègue c’est le côté ludique qui l’intéresse, c’est plus innocent.

Donc si jamais d’aventure tu perds ton vélo, ami lecteur. Si jamais d’aventure tu le perds a Amagasaki, bled perdu dans les replis malodorants de la banlieue d'Osaka et internationalement méconnu de tous sauf de Wikipedia qui se souvient de la catastrophe ferroviaire de 2005, donc.
Ben crois-moi, fais pas le con, ne va pas voir les flics.
N’y va pas je te dis. Tout ce que t’y gagneras à part des doigts tachés à l’encre, ta gueule fichée et un copain DJ qui fait la gueule, c’est très exactement rien du tout.

Je sens qu’il va falloir que j’explique, même Charlotte et le tresor public me croivent pas, et pourtant Charlotte le flic japonais, il connaît. C’est grace à eux qu’il a trouve nichome.
Donc je te donne la réponse avant la fin de l’exercice, c’est tricher mais je sais bien qu’avec tes problèmes de vessie chroniques, maintenant t’as plus la patience de lire jusqu’à la fin, tiens d’ailleurs j’ai bien reçu la lettre de ton avocat, dis-lui que ca m’a fait plaisir de recevoir du courrier, par contre s’il pouvait m’en renvoyer une avec les sous-titres sous les mots compliqués comme « énurésie induite par rétention », merci.

Donc oui si tu perds quelque chose, va voir direct les yakuza. Eux au moins ils te prendront pas tes empreintes digitales et ils sauront te dire tout de suite qui a tiré un vélo dans leur district, où, quand et combien ils se sont fait dessus. Bon suivant le cas, si tu t’en sors bien c’est le voleur qui y perd un doigt, sinon c’est toi qui risques d’y laisser une phalange. Par contre ils te balanceront pas aux flics et personne prendra l’empreinte de la phalange coupée, ils s’en foutent.
Cependant,ne sachant pas où se situait le QG du groupe yakuza local et surtout manquant de temps car déjà à la bourre pour le concert d’un DJ croisé dans un bar au cours d’une beuverie, j’optai pour la voie officielle. Et j'eus amplement le temps de m'en mordre les doigts, enfin avant qu'ils aillent foutre de l'encre dessus, parce qu'après je pouvais plus les mettre dans ma bouche.

Une heure après mon arrivée, le courageux fonctionnaire finissait d’établir avec une absolue clarté que je ne savais pas ou était mon vélo, et il avait inscrit mon adresse sur le formulaire, presque sans faire de faute.
Quinze minutes plus tard, l’encre avait fini de sécher sur mes doigts et sur le dessin qu’il avait fait pour illustrer la scène. Le dessins descriptif est une pièce incontournable de tout dossier destiné à siéger dans un commissariat japonais, comme je l’avais découvert lorsque papa au volant de sa mazda de location accrocha le cul de ce brave paysan du Hokkaido qui allait manger des ramen avec sa femme au festival du village.[3]
Je ne sais pas et ne saurai jamais ce que le flic a bien pu trouver à dessiner pour exprimer la perte de mon vélo. Sans doute un phare lançant des SOS en morse pendant qu’un malfaiteur masqué le traînait sur la rampe de chargement d’une camionette, sûrement afin de lui faire subir les derniers outrages dans une usine désaffectée, à l’abri des regards indiscrets.
Avec toutes ces conneries, je venais de perdre quasiment une heure et demie, le concert de mon pote était quasiment commencé, mais si jamais je chopais un train pour Kyoto dans les trois minutes, si jamais je me changeais pas, que je gardais mes vêtements de l’entrepôt qui puaient la sueur et ma coiffure à la pointe de la fashion si les ananas électrocutés t’excitent, si jamais j’enfourchais Tornado, mon fidèle velo de Kyoto, à la sortie du train, et que je faisais fumer la dynamo en ignorant les menus détails de type feu rouge et sens unique, je pouvais peut-être voir le dernier quart d’heure.[4]

Je pouvais le faire.

Je sortis du commissariat si vite que c'en était presque du délit de fuite, je bondis par-dessus la barrière, je déboulai sur le quai au moment où le train arrivait, je me croyais dans la bande annonce de GI Joe tellement le timing était calculé au quart de poil de cul, et au moment de plonger tete la premiere dans le wagon le plus proche, mon téléphone sonna. Comme une conne je répondis.
-« oui bonjour c’est le commissariat de Amagasaki. Vous pouvez revenir ?
-VOUS VOUS FOUTEZ DE MOI ?
-Non. C’est très important.
-Vous me tenez la jambe depuis une heure et demie pour un vélo à 5000 yen, rien qu'en salaire vous avez deja coute plus cher a la ville, ET EN PLUS FAUT REVENIR?
-C’est très important. »
Bon je sors du train en jurant comme un GI Joe à qui on a tiré sa sucette, et je retourne au commissariat pour retrouver mon copain le flic qui m’attendait avec le formulaire de déclaration de perte, grand ouvert à la seule page où je n’avais pas mis d’empreinte digitale.
C’était donc très important.
Il l’avait déjà en douze exemplaire mais il la lui fallait sur cette feuille-là aussi, le gourmand.
Je pose donc mon doigt avec cérémonie en me retenant très fort de ne pas signer avec celui du milieu parce qu'après j'ai pas le temps pour le formulaire d'outrage à agent dans l'exercice de ses fonctions, et juste avant de sortir, quand même, je lui lance un regard assassin.
Et là ami lecteur, j’ai vu son expression alors qu’il caressait amoureusement son formulaire complété comme un gamin le cadeau qu’il vient de sortir de sous le sapin de Noël.

empreinte_digitale

(illustration de couverture de l'édition août 2009 du magazine "formulaires et plaisirs solitaires", une publication interdite aux moins de 18 ans)

Là je me suis dit, c’est quand même flatteur d’avoir pu prodiguer autant de plaisir simplement avec l’empreinte digitale de mon index gauche.
Je me suis donc éclipsée discrètement pour le laisser en toute intimité avec son formulaire, et j’ai bourré jusque chez moi, où j’ai quand même pris le temps de me débarrasser de l’ananas (j’ai encore ma fierté merde) avant de re-bourrer en selle de Tornado jusqu’au club, où j’avais bien entendu tout raté, sauf la vodka.

La soirée n’était donc pas complètement foutue.

[1] le velo agonisant de ta copine Peggy qui a passe trois des vingt-quatre derniers mois sous la pluie, et qui a tourne a travers toute la communaute francaise de Tokyo, y perdant toute sa vertu et une grande partie de sa réputation. Inutile de te dire que le titre de propriété tu l’as pas, car il s’est perdu entre le cinquieme et le sixieme proprietaire, et tu es le douzieme.

[2] Parmi les exemples les plus contondants, on peut noter le mini couteau suisse muni d’une lame inoxydable longue de un centimetre zero cinq. Demande a Asahi il t’expliquera.

[3] D’ailleurs le hurlement maternel “minou tu tires a gauche tu tires a gauche HA! T’AS TOUCHE !!! » me poursuit encore dans mes pires cauchemars

[4] Si un jour tu decharges des camions par 30 degres et un taux d’humidite qui fait quaisment flotter le plancton dans l’air, tu comprendras pourquoi ne pas avoir la sueur qui te coule dans les yeux c’est important, meme si avec ton bandeau sur le front t’as l’air d’un con et d’un ananas


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Commentaires
T
ouf, je n'ai pas de vélo<br /> pas de flic japonais sous la main non plus, d'ailleurs...<br /> ya face book qui me harcèle pour que je sois ton amie<br /> j'te connais même pas<br /> toi non plus, d'ailleurs...<br /> face book est trés taquin!
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M
ailu : <br /> Tu fais vraiment bouffer n'importe quoi à ta minette.<br /> le doigt entier, ça s'appelle de la fouille intégrale de cavités et c'est seulement si t'as été sage.<br /> <br /> Mog : tu devrais peut-être tenter une simulation d'accouchement au centre de la sécu. Ils te fileraient ta nouvelle carte vitale tout de suite pourvu que tu partes accoucher ailleurs, sinon ils seraient obligée de donner la nationalité fonctionnaire au bébé né sur leur sol, et déjà qu'ils sont trop nombreux, c'est pas possible, après y aura plus que des gens à la retraite à 50 ans et personne pour payer les pensions.
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M
En même temps, faut aussi dire que dans mon état de baleine asphyxiée par la chaleur, j'ai le temps d'aller checker les blogs des feignasses qui donnent plutôt dans le post bi-annuel qu'hebdomadaire. N'en veux pas trop à ton public Meryll, il saura te revenir, mais se fait forcément désirer comme tu le fis toi-même...
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A
Je te signale que je n'apprécie pas du tout d'être associée de près ou de loin au trésor public (qui me réclame des sous mais j'ai perdu la feuille c'est pas ma faute c'est le chat qui l'a mangée).<br /> PS: je me demande ce que le doigt entier pourrait leur faire, mourir en épectase surement.
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M
YEAH!<br /> Le premier commentaire sur ce blog depuis le 21 mai 2O09. Ah ça le lectorat il a pas fallu le leur dire deux fois hein, d'aller se faire mettre sur MSN France s'ils voulaient des ragots mis à jours régulièrement.<br /> Y reste plus que toi, ma bonne vieille Mog. Et le trésor public.<br /> <br /> Bon je vais voir comment ça va chez toi.
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