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The Truffe Diaries
7 octobre 2017

PRINCESSE CISSY

Il y a quelque temps, à la fac, c’était la foire aux associations. C’est un peu comme une foire de l’emploi sauf que c’est pour travailler gratuit mais rigolo à organiser des trucs improbables comme des matches de Quidditch.

Dans un coin se côtoyaient les associations religieuses et les associations LGBTQ. Décrivant un grand arc de cercle pour éviter les VRP de Jésus qui avaient mis le cap sur moi et me fonçaient dessus (je devais avoir l’air d’une bonne cliente avec mon col monté), je tombai pratiquement dans les bras du jeune homme (enfin je lui ai pas demandé, je pars d’une impression visuelle) qui gérait le stand de l’association de défense des droits des personnes trans. Puisqu’on en était rendus à se parler, je demandai ce que moi, non-trans, je pouvais faire pour une association dédiée aux personnes trans. Alors déjà, on dit pas non-trans, on dit cis, M’expliqua-t-il.

Et là je me sentis froissée. Cis ? Pourquoi Cis ? On pouvait pas juste dire « meuf normale nichons ++ avec léger problème d’alcoolisme »? 
Après discussions avec des gens plus doctes que moi, j’ai compris pourquoi non, on pouvait pas. (mais si tu veux continuer à faire référence à mes nichons ++ ça me fait toujours plaisir je me sens valorisée).
J’ai parlé avec Des Gens de non-binarité de genre et je vais tout te raconter afin de te permettre de briller dans les cocktails mondains. Mais avant de laisser la parole aux Gens, je te bricole une petite intro aux concepts évoqués.
Ouvre bien tes mirettes et imagine-toi expliquer tout ça à bonne-maman, une flûte de Ruinart à la main.

le T et le Q
(et là avec cette dernière lettre direct je t’accroche).
Je t’apprends sans doute pas que l’acronyme LGBTQ signifie Lesbienne, Gay, Bi, Trans et Queer. Mais pour rien te cacher y’a autant de versions de l’acronyme que d’identités de genre et sexuelles, voilà par exemple une vidéo qui explique pourquoi y'en a qui écrivent ça LGBTQIP2SAA. Pourquoi autant de mots ? Parce que chacun définit une expérience différente.
Je pense qu’on est à peu près clairs sur les principes de base qui animent les L, G et B, si jamais t’as des questions hésite pas mais en gros l’appellation est liée à la forme générale des kikis en contact.
Maintenant passons au T, qui m’a valu une petite mise au point.
Pour éviter de passer pour des ballots il convient de commencer par se pencher sur le mot « trans ». Fais pas comme moi, dis « transgenre » et pas « transsexuel » s’il te plaît, sinon tu passes pour un con. J’ai testé. Et ça c’est parce que le genre ne se limite pas au sexe. Si y’en a qui suivent plus dans le fond voilà une explication rapide par notre ami l’OMS de ce qu'est le genre mais en gros les personnes transgenre sont les personnes qui ne s’identifient pas à la dichotomie de genre habituelle Homme/ Femme, pour des raisons telles que (liste non exhaustive) : ils/elles sont né(e)s dans un corps aux caractéristiques sexuelles opposées au genre auquel ils / elles s’identifient, ils/elles ne s’identifient à aucun des deux genres, etc. 
Ce blog l'explique très bien.

 

Donc tous les transgenres ne subissent pas de chirurgie de réattribution sexuelle (là aussi fais pas ton gros lourd comme ta serviteuse et ne dis pas « changement de sexe » s’il te plaît ; parce que si les sexes se « changeaient » comme des perruques de Playmobil la vie serait plus rigolotte pour plein de monde). 

Le Q quant à lui signifie « queer », « étrange » en anglais. Les personnes genderqueer évoluent à l’extérieur de la binarité masculin/féminin, elles peuvent être les deux, aucun des deux, alterner entre l’un et l’autre, voire rejeter entièrement le concept même de genre. Certaines classifications incluent les genderqueer dans la transidentité, mais je vais pas trop me lancer là-dedans parce que si tu me connais bien tu sais que l’essentiel de ma recherche académique se fait autour d’une bière dans un bistro plutôt sale qui passe du Bon Jovi, donc c’est pas trop mon genre d’aller te résumer des thèses de psycho et socio sur la question. J’estime mon temps mieux employé à boire des bières accoudée à des tables graisseuses avec mes nouveaux/elles ami(e)s.
J’invite néanmoins toutes les personnes qui liraient cette note et se sentiraient mal représentées à exprimer leur point de vue dans les commentaires. Vous avez le droit aux insultes tant qu’on touche pas aux mamans.

Adoncques.
Pour expliquer la non-binarité de genre, le mieux est quand même de laisser ceux et celles qui la vivent en parler. J’ai donc fait appel d’une part à mon petit cobaye favori, je te présente Alex, et d’autres part à des personnes ivres que j’ai attirées à l’extérieur d’un Fest-Noz, je te présente Jennifer et Daisy.

Alex

Alex

 

Comment j’identifie mon genre ? Je suis non-binaire bigenre, c'est à dire que je ne me retrouve pas dans la binarité homme/femme, je ne suis ni un homme ni une femme à part entière, mais je m'identifie aux deux en même temps. Mon genre ne bouge pas, donc je ne me sens pas plus proche d'un genre ou de l'autre à certains moments mais ça ne m'empêche pas parfois d'avoir ce que l'on appelle des dysphories, c'est-à-dire qu'il m'arrive de ressentir un certain malaise vis-à-vis de mon corps (féminin) car il ne correspond pas entièrement à mon genre.

Se sentir à la fois homme et femme ce n'est pas aimer se maquiller et jouer au rugby, ou porter des vêtements d'homme et danser le ballet. C'est bien plus profond que chercher à prendre des habitudes « masculines » ou « féminines » par rapport à la société, c'est un ressenti sur sa manière d'être, sur qui on est au plus profond de soi ; c'est une véritable question d'identité. Ce qui ne rend pas la tâche évidente est le sexe assigné à la naissance et notre éducation, ce qu’on finit par comprendre après plus ou moins de temps. Pour ma part, j’ai ce ressenti depuis l'enfance mais je n'avais jamais su mettre un mot dessus, puis avec mon éducation et l'arrivée de l'adolescence j'ai rapidement enfoui tout ça. C'est seulement à 18 ans que j'ai compris, en discutant avec les membres de mon association LGBT, que je n'étais pas la seule personne dans ce cas, que ce n'était pas quelque chose de mal, que ce n'était pas un « problème ». J'ai compris aussi que je suis à l'aise avec l'utilisation alternée des pronoms « il » et « elle » me concernant, que je ne supporte pas qu'on parle de moi comme une fille à part entière ou qu'on tente de me caser dans une catégorie binaire de manière générale, que ce soit par rapport à des comportements, des goûts vestimentaires ou autres (« mais attend ça c'est un truc de mec/meuf, tu es sûr de toi? ») J'aime bien c'est tout, pourquoi ce serait forcément réservé à un genre ?

Comment aimerais-je que la société identifie mon genre ?  Tout d’abord j'aimerais que la société ne cherche pas absolument tout le temps à connaître mon genre, nous sommes avant tout des humains et pas seulement des individus avec un sexe qui définirait notre genre. Je ne comprends pas pourquoi la société a besoin de toujours tout genrer et pourquoi elle est construite seulement pour ceux qui s'inscrivent dans la binarité hommes/femmes, que ce soit pour remplir des formulaires administratifs, des sondages, pour s'acheter des vêtements, des jeux et jouets pour enfant, etc. Vous n'avez que deux choix : être un homme ou être une femme, quand vous êtes entre les deux ça ne fonctionne pas, vous êtes justes bons à vous marginaliser. Sauf que moi je suis les deux à la fois et ça ne m'empêche pas de vivre, d'être un être humain capable de réfléchir et travailler de mes mains comme les autres.

J'aimerais en fait que la société connaisse et reconnaisse la non-binarité.
Il faudrait que cette identité ait une meilleure visibilité, parce qu’elle est totalement méconnue ; il faudrait qu'elle soit reconnue comme un genre à part entière car c'est une réalité, ce n'est pas juste un « concept inventé par deux ou trois militants LGBT réactionnaires un peu perdus dans leur identité de genre », comme j'ai déjà pu l'entendre. En fait il y a un réel problème de circulation de l’information sur la transidentité dans notre société, ce qui amène à de l’ignorance et des comportements transphobes. Lorsque j'ai fait mon coming out de non-binaire à des amis proches, seulement ceux concernés ou ceux qui se sont énormément renseignés par eux-mêmes sur internet connaissaient cette identité de genre, j'ai dû tout expliquer aux autres car ils n'en avaient jamais entendu parler et ils ont eu pour beaucoup assez de mal à bien comprendre.

Tout ce que je demande c'est que notre société soit égalitaire sur les différents genres : les cisgenres, les transgenres, et les non-binaires, afin qu'on ne ressente pas une domination, dans le sens moral, d'un genre sur les autres. J'aimerais bien que dans les papiers administratifs on me demande si je suis homme, femme ou non-binaire, et pas seulement qu'on cherche à savoir ce que j'ai entre les jambes ; j'aimerais bien que lorsqu'on se présente à un prof ou à quelqu'un de manière général on dise notre prénom et notre pronom sans que ça paraisse étrange.

En ce qui concerne mon orientation sexuelle, je suis homosexuelle, donc je ne peux avoir de relations sexuelles qu'avec des personnes du même sexe, cependant il n'y a pas que les femmes cisgenres qui m'attirent, il y aussi les non-binaires. Je n'aime pas me catégoriser comme « lesbienne » puisque je ne suis pas entièrement une femme aimant les femmes.





Jennifer et Daisy

DaisyJenn

 

JENNIFER
Comment j’identifie mon genre ? Non cisgenre, non binaire. Je m’identifie comme humain, et je vois les autres en tant qu’humains. Je ne vois pas leur genre, je ne comprends pas ce que c’est. Comment peut-on attribuer un sexe à un objet par exemple ? Pourquoi UNE chaise ? C’est quoi le rapport entre une chaise et un vagin ? Le sexe est quelque chose d’intime, je ne vois pas pourquoi il devrait s’imposer dans les relations publiques. Pour moi accorder le vocabulaire au féminin quand on parle à une femme, c’est faire constamment allusion à son vagin, je ne comprends pas en quoi cette information a le moindre rapport avec l’interaction sociale en cours. Le concept de genre me paraît complètement artificiel, créé de toutes pièces par la société. Quand je remplis des papiers administratifs je coche « femme » car c’est plus simple, mais ce n’est pas ce que je ressens. Bientôt au Canada une case « autre » fera son apparition pour ceux qui ne se sentent ni H ni F, mais pour moi cela ne règlera pas le problème. Je voudrais juste qu’on retire complètement ces cases des formulaires.

Comment aimerais-je que la société identifie mon genre ? « Humaine ». Durant toute mon enfance le genre m’a limitée. Je suis la petite dernière d’une fratrie de 5, j’ai 4 grands frères. On m’a toujours dit que je ferais une jolie réceptionniste et que je n’avais pas besoin de faire de longues études, on m’a dit que je ne devais pas m’habiller trop court pour ne pas être harcelée, et j’ai cru tout ça, je me suis laissée limiter. Rencontrer Daisy et avoir des conversations sur le genre avec elle m’a permis de comprendre que je peux être ce que je veux, je n’ai pas besoin d’être une femme et me soumettre aux normes qui leurs sont imposées si je ne le souhaite pas. Cette découverte a été une libération. Je garde un look féminin car c’est le style qui me plaît mais je ne me sens pas femme et ne souhaite pas être vue comme une femme, d’ailleurs j’ai un rapport différent aux divers attributs féminins de mon corps. Je ne perçois pas de la même façon mes seins et mon vagin par exemple. Je pense me faire enlever de la poitrine car une poitrine ronde ne correspond pas à qui je suis. J’ai un problème en particulier avec la catégorisation dans le genre féminin au travail, car j’ai l’impression que cela permet de rabaisser ou réduire au silence les femmes. Une fille qui argumente et a des opinions, c’est une bitch. Les préjugés liés au genre me font pleurer presque toutes les semaines, je n’en reviens pas de ce que je vois et entends autour de moi. Daisy et moi avons une identification semblable mais nous vivons dans un environnement complètement différent à cause de l’apparence que nous avons choisie. Daisy se fait rarement imposer son genre au travail, et on la respecte quand elle parle. Moi je me fais imposer mon genre, et mes opinions sont moins respectées. Par exemple cette semaine un collègue m’a demandé pourquoi je ne me détache pas les cheveux plus souvent, c'est tellement joli. Je lui ai demandé s'il dirait la même chose à un homme. Un autre collègue dont la copine est enceinte, m'a demandé au cours de la gender reveal party si je préférerais que ce soit une fille ou un garçon. J’ai expliqué que je ne croyais pas au concept de genre mais il a continué à insister. Maintenant qu’il sait que c'est une fille, il raconte qu’il a décoré sa chambre en rose et qu'il devra surveiller les garçons autour d’elle. Je pense qu'il ferait mieux de surveiller ses économies pour lui payer des études si elle veut être astronaute.

Comment je définis mon orientation sexuelle ? je dirais que la société me voit sûrement comme une lesbienne, puisque je suis mariée avec une femme. Mais nous ne voyons pas les choses comme ça, nous nous voyons comme des âmes. D’ailleurs je n’ai jamais pu tomber amoureuse d’une personne cisgenre car nous ne nous percevons pas de la même façon.

 

DAISY
Comment je définis mon genre ? Ca dépend. Je suis de tous les genres et sans genre. Je suis un genre à part. Ma vision de mon genre a beaucoup évolué depuis mon enfance. Je me suis posé beaucoup de questions vers 16/17 ans, j’avais la sensation qu'il me manquait quelque chose, j'enviais ce que mon frère incarnait mais pas ce qu’incarnait ma sœur. Pendant quelques années je me suis demandé si j'étais faite pour être une femme. Ensuite j'ai pensé que je ne voulais pas être une femme mais pas un homme non plus, et cette phase a duré de mes 20 à mes 25 ans. Quand j'ai rencontré Jennifer, j'ai compris que je pouvais être tout ce que je voulais. Maintenant que je suis à l'aise dans mon identité de genre, je suis aussi plus à l'aise avec mes formes féminines, je peux mettre du vernis à ongles, du maquillage, ce genre de choses, et m'en foutre carrément de l'image que je renvoie".
 J’accepte mieux mes seins depuis que dans mon imaginaire, ils ne sont plus connectés au concept hétérosexiste auquel je devais me conformer quand j’étais adolescente.

Le Canada est tolérant, ma boss m'a même demandé si j'acceptais qu’on utilise les pronoms féminins pour s’adresser à moi. Sa démarche était incroyablement bienveillante et ouverte. Je me sens flattée quand on m'appelle « jeune homme » puis qu'on est surpris quand on entend ma voix a priori féminine. L'autre jour j'étais dans les toilettes des filles et une femme est entrée, m’a vue, et est ressortie en pensant que j'étais un homme ; j'ai dû la rattraper pour lui dire qu'elle ne s'était pas trompée de toilettes. Ça m'amuse beaucoup de perturber la société.

Mon genre est fluide, j'ai mis 27 ans à le comprendre et j'en ai 30 ans maintenant. J’ai l’impression d’avoir beaucoup perdu de temps inutilement, à cause des normes sociales que la société française a essayé de m’imposer dans ma jeunesse. J'ai l'impression d'incarner la citation : "ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait". Je suis devenue ce que je suis quand je me suis mise à ignorer que ça n’existait pas.

Comment aimerais-je que la société identifie mon genre ? Les pronoms sexués m'ennuient, quand je parle à une femme je ne pense pas à sa chatte, pourquoi est-ce qu'on se repose sur quelque chose d'aussi intime pour caractériser les rapports publics ? Une fois ma coiffeuse chez Franck Provost m'a dit que j'avais les cheveux tellement courts qu'elle me ferait un prix coupe homme. J'ai ri. Pourquoi différencier « coupe homme » et « coupe femme », ils ne voient pas que des cheveux c'est des cheveux ?
Jenn est plus en colère que moi car nous n'avons pas la même expérience, on me respecte plus, je subis moins la discrimination de genre. Mais je suis consciente qu’elle existe, j'ai consacré deux mémoires de maîtrise au sujet du genre et dans mon métier de journaliste je prends soin d'écrire mes articles en usant du genre double (il/ elle). J'espère que nos enfants vivront dans une société qui aura compris que ces classifications sont une connerie. Pour moi, différencier c'est dénigrer. Jenn et moi nous sommes rendu compte récemment qu'on s'identifiait peu à la communauté LGBT et mieux au courant queer, qui est plus fluide. J'aime bien ce mot qui signifie « bizarre ». C'est quelqu’un qui navigue entre les genres et qui n'a pas de genre. Il/elle réunit plein de critères contradictoires. Etre queer, ça veut dire aimer une personne peu importe ce qu'elle est. Être à nu face à l'autre. Je voudrais que la société cesse d’être aussi segmentée, et je voudrais qu’on ne soit pas connoté(e)s d'après nos orientations, genres, races. Le langage c'est la base de tout, je voudrais pouvoir utiliser un pronom neutre pour me définir. C’est pour ça que j’aime bien le pronom « iel ».


Comment je définis mon orientation sexuelle ? On a l'orientation de nos fantasmes, je peux être attirée par un homme qui dégage une certaine énergie ; par exemple j'aime la féminité exacerbée des drag queens. Je ne crois pas au genre, et le concept d'orientation n'a plus de sens quand le genre n'existe plus. 

 


Ces conversations passionnantes m’ont ouvert les yeux sur une foultitude de possibilités insoupçonnées. Ca m’a fait le même effet que quand j’ai découvert que la crevette-mante peut voir 4 fois plus de couleurs que moi. Nous vivons dans une société qui verbalise deux genres,  à la rigueur trois quand on parle allemand, alors qu’il existe dans les faits beaucoup plus de nuances. C’est pourquoi certaines personnes préfèrent le neutre « iel » ou « elle/il », tandis que d’autres se cantonnent au genre masculin ou féminin par pur confort verbal. Le langage usuel n’a rien à leur proposer parce que notre monde est fait par et pour les hommes et les femmes épanouis dans les caleçons et culottes en dentelle correspondants.
Et ces personnes dont les attributs sexuels physique, l’identité de genre et le genre social sont en phase sont appelées « cisgenre ». Comme moi, par exemple (remember, nichons ++).
Il faut bien réaliser que notre société a été conçue pour nous. Les formulaires qui nous demandent de cocher la case H/F ne comportent aucun piège pernicieux, on les remplit fingers in the nose. Nous les cis on est un peu les rois du pétrole de la culotte, même le dernier des derniers comme dirait JJ Goldman, les formulaires sont faits tout exprès pour lui. Ou elle. On a la force de la majorité et c’est une telle habitude pour nous qu’on ne se rend même pas compte que cet avantage pour nous devient un désavantage pour d’autres. Ca a fait tilt dans ma tête le jour où j’ai été traitée de « cis », un peu comme quand j’ai remarqué le manque d’ascenseur dans certaines stations de métro parisien le jour où j’ai dû traîner une grosse valise, ce qui m’a amenée à me poser la question de savoir comment les gens en fauteuil roulant font (scoop : ils sont emmerdés).
Quand on réalise cette différence de traitement entre les cis et les non binaires, on réalise que c’est à la société de leur faire de la place plutôt que de les marginaliser en cédant à la facilité de les considérer comme « anormaux ». Se faire traiter de cis, et comprendre que ce n’est pas être « traité » mais « nommé »,  c’est admettre qu’on n’est pas soi-même normal, et que l’autre n’est pas anormal ; on a juste la chance d’être né(e) du côté de la majorité, qui est juste ça : une majorité, à l’extérieur de laquelle existe une foultitude de fascinantes identités qui donnent une nouvelle saveur au genre humain.

Et perso je sais pas pour toi mais moi je trouve le monde beaucoup plus magique depuis que je sais que la crevette-mante existe.

mantis shrimp

Crédit photo Charlene McBride

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