kimuchi dans les bottes
Cher ami lecteur
Voilà un moment que tu me croyais perdue dans la pampa coréenne, peut-être même que les plus délurés d’entre toi m’imaginaient kidnappée par les coréens du nord et intégrée de force au harem de Kim Jong Il, avec qui j’étais forcée de faire des tas de saloperies a base d’introduction de kimuchi dans des endroits inédits.
(kimuchi)
(endroits inédits)
Eh ben trop pas, ca fait
trois semaines que je suis revenue, même.
J’ai juste été LEGEREMENT
occupée.
On n’a toujours pas
l’internet dans le nouvel apart, mais on suce en toute impunité[1] le
Wi-Fi du voisin alors ça va, on a encore une fenêtre ouverte sur le monde. Et
il nous faut bien ça parce que question fenêtres ouvertes, le nouvel apart, on
dirait un peu la prison de la Santé vois-tu. C’est pas qu’y en ait pas, de fenêtres,
hein. On voit bien qu’il y a des ouvertures astucieusement pratiquées dans les
murs, et on les sent bien surtout parce que question double vitrage, les
japonais ont rien appris depuis l’invention de la meurtrière au moyen-âge. Ils
ont bien compris le principe de la fenêtre qui permet de SORTIR des choses,
souvent violemment à l’aide d’une arbalète, mais en revanche ils ont plus de
peine avec le principe de la vitre qui empêche les choses de RENTRER. Donc il y
a un trou, on le voit, on sent bien le vent qui passe mais de lumière, point. Ca
doit être parce que notre malheureuse bâtisse de deux étages est entourée de
buildings gigantesques qui se la ramènent avec leurs 25 étages de plus que
nous. Si y a un tremblement de terre, j’aurai même pas le temps de me demander
si vraiment c’ était une bonne idée d’aller se fourrer dans un immeuble
construit en 1973, car avant de mourir écrasée sous la baignoire de mon voisin
du dessus, je périrai embrochée par l’élevage d’antennes télé qui dépassera du
toit du gros building de 45 étages trois blocks plus loin lorsqu’il
s’affaissera comme un flambi, mais un vraiment gros flambi, écrasant tout le
quartier, et ce malgré une construction datant de 2007. Remarque, il est
toujours possible qu’il s’écroule en même temps que le building d’en face, ça
ferait comme un château de cartes, ça serait rigolo mais j’aurais pas
l’occasion d’en rigoler longtemps.
Donc voilà tu le vois, j’ai déménagé dans l’immeuble de mes rêves, avec une douche qui a l’air d’avoir été installée avant la seconde guerre mondiale, en même temps ça rassure, un bâtiment qui a survécu aux bombardements américains survivra à tout, j’ai juste un peu peur que le réchaud à gaz m’explose à la gueule à chaque fois que je tourne la manivelle pour allumer le chauffage. Il va sans dire que je suis endettée jusqu’à la moelle épinière car ces salauds de yakuzas qui gèrent l’immeuble m’ont déplumée comme une dinde américaine lors du thanksgiving de la paroisse, et qu’en plus j’habite dans un quartier de luxe ou il n’y a guère que les vieilles peaux tannées aux UV qui peuvent se permettre d’aller dîner, d’ailleurs elles y vont en Porsche et elles cèdent pas la priorité, demande à Hisashi qui a conduit pour déménager les meubles le weekend dernier, il t’expliquera ce qu’il en pense, des vieilles putes en Porsche. Mais je te conseille de faire sortir les enfants d’abord.
Et là la question que tu
brûles tous de me poser ami lecteur c’est : mais ma grosse, qu’allais-tu faire
en cette galère?
Déjà pour commencer, c’est
pas une galère. Quand même pas. C’est un T3.
Ensuite je te permets pas de me
traiter de grosse.
La raison de mon choix, vois-tu, c'est un atout majeur. ZE atout imparable. A part les tatamis, le voisin métissé Indien
Japonais chaud comme une barraque a frites et le rapprochement géographique des
pétasses décolorées de Harajuku chères a mon coeur, je veux dire. Je le donne
dans le mille feuille, Wong : cet apart me permet de dormir une heure de plus
tous les matins car, gros malin comme je suis, j’ai tout de suite repéré qu’il
était à deux stations de métro de mon dojo d’aïe qui douille! Donc à partir de
dorénavant, pour être pareil en retard le matin et arriver au milieu de l’échauffement
et me faire faire les gros yeux par Terminator sensei, celui à qui il faut pas chier dans les bottes, juste avant qu’il m’oblige a
faire des pompes parce que j’ai encore merdé et que j’ai fait planter toute la
classe, avant toutes ces réjouissances donc, JE PEUX DORMIR UNE HEURE DE PLUS.
Enfin ça c’est la théorie.
Parce que dans la
pratique, pour l’instant, Jazz la nouvelle coloc et moi partageons la même
chambre faute de chauffage, et Jazz a une tendance à rentrer bourrée au milieu
de la nuit, et l’alarme à incendie a se déclencher à deux heures du matin sans
raison, comme ça, pour faire le con. Donc l’un dans l’autre l’heure de sommeil
a vite faire de partir en fumée quand tu en passes la moitié à t’engueuler avec
les pompiers qui t’accusent d’avoir appuyé sur le bouton de l’alarme par pure
malveillance, et l’autre à surveiller Jazz, des fois qu’elle irait te piétiner
ou pire, te vomir dessus.
Mais un jour, un jour je dormirai toute mon heure de plus.
J’ai le droit, je risque
tous les jours de me faire exploser avec la chaudière à gaz pour ça merde.
[1] Pour faire plaisir à mon lectorat de longue date, je me dois de poursuivre
la running joke qui anime ce blog depuis trois ans en ajoutant « et
d’ailleurs c’est bien la seule chose que je suce en ce moment ». Voilà je
l’ai faite ma blague dégueulasse t’es contents ?