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The Truffe Diaries
7 décembre 2011

Ca dépend ça dépasse, le retour de la vengeance

Ah-ha, ami lecteur .

Je vais enfin céder à la collusion de ta masse silencieuse et accepter de faire de la note de fond traitant d’un sujet sociétal, tout ça pour que tu puisses te la péter en soirée mondaine.
T’es prêt ?
Alors après les fadettes du Monde, je t’offre : 

*la boulette de la guitoune.*

Déjà rien que le titre déchire son aïeule, tu flaires direct le complot international et tu te réjouis d’être le premier au courant.
Comme tu vas te la raconter sur yahoo news avec ça.
Bon aller sans faire durer le suce-Spencer plus longtemps je précise ma pensée :

Je vais à nouveau taper sur la police japonaise parce que premièrement c’est vraiment facile, et deuxièmement ça soulage. 

Tu n’es peut-être pas sans te rappeler de notre*[1]note datée du 17/08/2009, où j’exposais comment je me suis retrouvée à rater un concert dont j’augurais prou, surtout en termes de ventilation de sous-vêtements, grâce à la digilente incompétence de mon commissariat de quartier.
En effet, ce jour, distraite que j’étais, je ne retrouvai plus mon vélo (j’avais oublié que je l’avais garé devant le combini, soit 50m plus bas que l’endroit où je m’obstinais à le chercher). J’allai donc déverser mes récriminations dans le vaste giron accueillant mais inefficace d’un jeune flic qui se faisait terroriser par son sempai flic jusqu’à s’emmêler les formulaires, me faisant perdre une heure de mon temps pour déclarer la perte d’un vélo à 5000 yen.

Eh ben crois-moi crois-moi pas, malgré deux longues années de sévices de la part du sempai, et je pense que les sévices ont été intenses vu l’état dans lequel il était quand je l’ai eu au téléphone, mon ami de la boite à flic près de la gare Hanshin Amagasaki a tenu le choc.
Et n’a pas lâché le dossier.
Tel Eva Joly et l’affaire des frégates de Taiwan, l’Affaire de la Bicyclette Volée a passionné notre Starsky de la guérite.
Y trouvant une bonne chance d’attirer l’attention de ses supérieur de de gagner de l’avancement, il a enquêté sans relâche pendant deux ans.
Il a suivi des traffiquants de solex. Il s’est acoquiné avec des hôtesses dont les maquereaux géraient des réseaux de prostitution des vélos mineurs vers le golfe persique.
Il a failli se faire voler son portefeuille deux fois, son arme de service une fois, choper la bléno trois fois, et une fois même il a perdu son fanion porte-bonheur des Hanshin Tigers qu’il gardait pourtant toujours accroché à la clef de son vélo de fonction.

Inutile de dire qu’il a payé de sa personne. Et tout ça dans le plus grand secret car son sempai abusif aurait raillé ses efforts au lieu de l’encourager.

Et voilà que deux ans d’acharnement finissent par payer et qu’il retrouve mon vélo à 5000 yen ! Rouillé, cabossé, dans un état piteux mais la plaque d’immatriculation encore visible ne laisse nulle place au doute, alleluia !
La grande affaire de sa carrière est résolue !
Bien évidemment, fourbu et rayonnant, il s’empresse de m’appeler. Il s’attend à une pluie de pétales de rose, des yeux mouillés d’émotion, un débarquement de ma part à sa guitoune avec une gerbe de fleurs dans les bras et peut-être même une petite pipe reconnaissante.

Malheureusement, le monde est mal fait car ignorant tout de ses souffrances, je coulais depuis deux ans une vie heureuse et tranquille.

J’avais retrouvé mon vélo devant le combini où il m’attendait sagement, j’avais fini mon année professionnelle avec, et à mon changement de travail je l’avais offert à un collègue.
Depuis j’avais refait ma vie avec un autre vélo et j’avais tout oublié de cette sombre affaire.
L’erreur fatale que j’avais commise tenait à ceci : lorsque j’avais retrouvé mon vélo, j’avais reculé devant la perpective d’en informer les flics et perdre à nouveau une heure de ma vie.
Mon collègue étant aussi mauvais citoyen que moi, lorsque lui aussi se bourra la gueule et oublia à son tour le vélo quelque part[2], il n’en informa pas davantage les forces bienveillantes de la police locale.
Tout ça se déroulait dans l’ignorance la plus complète de notre héros.

Ainsi, lorsqu’il m’appela pour m’annoncer avec hautbois, musettes et gamelles le retour du bicyle aimé, j’ai déjà eu du mal à situer le sujet.
La méfiance naturelle du ressortissant étranger qui recoit un appel téléphonique de la part d’un représentant de la police nationale fit place à l’incrédulité puis à une franche allégresse.
La conversation eut lieu comme suit :
-« Gendarmeurie nationaleu, elle est là la petiteu demoiselleu qu’a perdu un vélo à Amagasaki y a deux ans ? »

... Bon d’accord ça s’est pas passé exactement comme ça. 

LUI
Bonjour c’est le commissariat d’Amagasaki (une guérite donc, on le répétera jamais assez), vous nous avez déposé une déclaration de vol de vélo il y a deux ans, vous vous en souvenez ?
MOI
(par-devers moi : une heure de ma vie salopard, UNE HEURE pour prendre la déposition, tu penses si je m’en souviens !)
(à voix haute)
...Ui ?
LUI
(accents de triomphe)
Eh ben on a retrouvé votre vélo !!
MOI
(par-devers moi : oh non!) 
(à voix haute)
...Ah ?
LUI
Vous n’avez plus qu’à venir nous signer des papiers et il est à vous !
MOI
(par-devers moi : plutôt crever la bouche ouverte !!!)
(à voix haute)
... Il est plus à moi ce vélo, je l’ai donné à quelqu’un d’autre, je vous donne son numéro et vous voyez avec lui ok ?
Numéro donné, fin de la conversation. Je pense pouvoir retourner tranquillement à la lecture du roman de ma copine Oriane me curer le nez travailler, mais le désastre frappe toujours deux fois.
C’est donc l’Eva Joly de la subtilisation biroulée qui me rappelle de nouveau pour me dire d’un air désolé :
LUI
« Non mais comme vous avez fait la déclaration de vol, j’ai vérifié avec mon chef (le sempai sadique donc) et y faut que vous signiez les papiers vous-même sinon on peut pas rendre le vélo à quelqu’un d’autre.
MOI
« ben quand même merde alors, j’ai transféré le titre de propriété et tout, pourquoi vous l’empêcheriez de récupérer son bien ?
LUI
« Parce que vous avez pas signé les papiers comme quoi vous avez retrouvé le vélo avant qu’il soit reperdu ». CQFD.
J’étais à nouveau face à un cas splendide de « ça dépend ça dépasse ».
Je tentai avec l’énergie du désespoir et de façon complètement vaine de faire appel à sa logique :

MOI
« écoutez j’ai déménagé depuis et j’ai changé de travail, ça va me coûter un bras en tickets de train, en plus j’ai pas le temps.
Le vélo a un nouveau propriétaire qui accepte d’aller le chercher. C’est vraiment si important que ces papiers soient signés par moi et pas par lui pour un vélo à 5000 yen?
LUI (trépignant)
« Faut signer les papiers ! »
MOI (tentant une dernière fois le coup de la logique)
Imaginez une seconde si j’étais rentrée en France. Vous auriez fait comment ? Vous m’auriez faite revenir au Japon pour les signer les papiers ?
LUI
« ... Ben j’aurais été embêté... »
MOI (ferme)
Je n’ai pas l’intention de venir signer ces papiers. Si vous voulez bien me les envoyer par la poste, à la rigueur je les signe et je vous les renvoie.
LUI (petite voix)
Ouais mais je sais pas si on peut le faire ça...

 Je fus intraitable.

Non mais je sais bien où ça mène toutes ces histoires. 

Tout ça c’est pour que ce petit gourmand puisse avoir encore douze exemplaires de mes empreintes digitales sur le formulaire de retrouvage de vélo.
Merci bien, j’ai eu l’index bleu pendant des jours la dernière fois, alors ce coup-ci les formulaires il peut se les coller là où le soleil ne luit jamais.
Même si je sais que sans les empreintes digitales ça lui fait pas le même effet. 

....

Avec le recul, quand même, pour deux années d’efforts, je me dis que j’aurais pu être plus sympa et lui lâcher une petite empreinte digitale pour son plaisir personnel.

Ca aurait été ma bonne action 2011.[3] 

Bon OK père Noël on fait un deal (et fais pas l’innocent je sais que t’es là, tu continues à te faire gauler par les tags « Clara Morgane », et ça fait quand même désordre) : je veux bien lui offrir en cadeau de Noyel un formulaire complet. Le grand jeu, la signature, le tampon, les empreintes digitales, tout.

Mais en échange je veux mon permis moto. Ca marche ?



[1] Oui maintenant j’utilise le « nous » royal. C’est moi et le litron de chouchenn. Oui ben quand on n’a pas d’amis et qu’on veut s’inventer une équipe de rédaction on fait comme on peut, d’ailleurs c’est la miche de Schwarzbrot qui relit donc si tu vois des fautes d’orthographe, dis-lui à cette feignasse 

[2] le destin de ce vélo était de se faire utiliser et larguer sans cérémonie, ce qui est consistant avec le thème film noir de cette note : notre justicier de la circulation dans le rôle du détective, et mon vélo dans le rôle de la femme séduite et abandonnée

[3] ça et un don de 1000 yen à Wikipédia

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Commentaires
M
(par ailleurs une dyslexie rampante envahit mes propos)
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M
Origami, je sais qui se cache derriere ce pseudonyme et je tiens a te dire que j'ai l'une des 100 copies actuellement en circulation de ton oeuve en otage.<br /> Alors fais pas le con, aboule l'anectode.<br /> (T'as vu maintenant un est sur un rythme d'une note par semaine. Inutile de te dire que ca va pas durer, tu me connais)
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O
J'aboule l'anecdote si tu promets d'écrire plus souvent. A mon rythme actuel, je vais probablement arriver au bout de tes archives en deux semaines et ça ne fait pas mes affaires.<br /> *chantage de type non-karaoke*
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M
Oh! Fabuleux!<br /> Un commentaire sur ce blog qui a ete depose par quelqu'un QUE JE N'AI PAS MENACE DE MORT<br /> (ou dans le cas de Mogador, de debarquer chez elle a l'improviste pour apprendre "le cure de Camaret" a son fils).<br /> J'attend desormais l'histoire du frangin essayant de faire le ninja sur le mur de la propriete imperiale. J'espere qu'il y aura un peu de sexe et qu'a un moment on a un apercu de l'interieur de la salle de bain d'une des princesses.
Répondre
O
Oh oui !<br /> Heureusement que je ne travaille pas dans un open-space, sinon je me serais fait griller environ Pi*10 fois en lisant ça.<br /> Un jour, pour changer, je te raconterai comment mon frère s'est fait griller par la police japonaise alors qu'il s'introduisait par accident dans une résidence de la famille impériale.
Répondre
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