Caleçon, Bonbon, Ducon
Cher ami lecteur
Tu as eu l’occasion d’observer que je continue à te délaisser, mais c’est pas trop grave comme de toutes façons tu ne sais déjà plus comment je m’appelle et que ceux qui l’ont su un jour ont déjà envoyé une couronne funéraire mangeable de aquarelle.com à ma maman en signe de condoléances à cause du tsunami.
Elle dit merci pour les haribo, elle ajoute que la prochaine fois qu’on me noye, elle mettra un faire-part sur Facebook mais qu’elle préférerait mieux les crocodiles verts plutôt que les rouges la prochaine fois, merci.
Bon.
Maintenant que je mène à nouveau une vie d’action et d’aventure derrière un bureau (sous le bureau par contre il ne se passe rien), je vais reprendre mon apostolat afin de te régaler de ces palpitantes intrigues de photocopieuse qui ont valu à ce blog son absence de renommée internationale dont le succès ne s’est jamais démenti.
J’en profite pour dire aux vautours de la ville de Kyoto qu’ils peuvent arrêter de me suivre, ayé je les ai crachés les deux mille euros d’impots locaux. J’ai plus rien. Laissez-moi crever en paix.
Mais avant de mourir je t’en raconte une petite dernière.
Je suis donc, comme expliqué au dernier épisode, maintenant part intégrante (soumise aux conditions du titre de séjour) des forces (pas très) vives d’une PME nippone, au sein (le mot est mal choisi tu vas voir) de la division import. Les membres de mon open space japonais (ici on appelle ça un open space mais en France on appelle ça de l’élevage sur caillebotis) marient deux intéressantes facultés qui au premier abord pourraient sembler disparates : 1. Une connaissance encyclopédique du caviar 2. La faculté d’émettre des rots musicaux. Sans se lasser. Beaucoup de fois par jour.
Pour résumer, ce sont des gourmets par profession et des vieux salingues par nature.
Tu comprendras donc que l’adolescent de 15 ans qui sommeille encore quelque part dans mon esprit de greluche de 30 ans a besoin d’être au niveau d’alerte maximal pour me permettre de survivre dans cette ambiance de chambrée militaire où les chefs de division agrémentent impunément leur écran de veille de photos de jeunes filles probablement mineures au moment des faits mais pleines d’une intelligence physique manifeste, laquelle est mise en valeur pas des dessous composés essentiellement de dentelle, laquelle est composée essentiellement de trous.
Quand j'ai flairé ce parfum de vieille clope et de caleçon pas très bien lavé, d’entrée de jeu on a posé les bases : je distribue pas les cookies, je fais pas le thé, et celui qui tente de me toucher les seins peut dire adieu à sa cloison nasale.
Cependant, nous ne sommes jamais à l’abri d’une rechute humoristique. Malgré mon sens de la blague dont la courbe naturelle suit celle du fond du ruisseau, malgré une permissivité culturelle qui, après le quatrième verre de saké, te permet de rigoler à des blagues du type « les bonnes femmes c’est un peu comme la bûche de Noël, passé le 25 c’est plus très frais » , ben des fois je sens que je perds un peu pied car on sort du pédiluve de la douce débilité où je m’ébats depuis ma tendre enfance afin d’entrer dans les grandes eaux de l’insondable connerie masculine.
En effet, un de mes collègues qui aime la déconnade a ramené des chocolats qu’il m’a enjointe à manger. Ma nature gloutonne et retardataire me fit tomber dans le piège : ma méfiance endormie car il s’agissait de manger et mes yeux accaparés par l’écran car j’avais trois rapports en retard, j’ai commencé par engloutir un chocolat sans lui accorder ne serais-ce qu’un regard une fois l’emballage arraché. Emballage qui présentait une illustration de champignon visant à leurrer le consommateur, ou devrais-je dire la consommatrice. Cependant, mes papilles gustatives jamais complètement au repos donnèrent l’alerte et me firent réaliser que l’objet avait une forme curieuse sur la langue ; cette grosse protubérance au milieu, à quelle étrange espèce de champignon pouvait-elle correspondre .. ? J’ai donc regardé de plus près le canditat à la déglutition suivant : mes soupçon s’avéraient fondés. Je tenais entre mes doigts une version simplifiée mais anatomiquement relativement correcte d’une sémillante bite en chocolat prête à l’emploi... Les collègues étaient tous ravis de ce trait d’esprit subtil, et si le perpétrateur n’avait pas autant été occupé à rigoler en poussant de joyeux "huur huur huur" il m’aurait sûrement mis une grosse bourrade dans les côtes en m’appelant Jean-Pierre ou l’équivalent nippon.
Je te présente la cucurbitacée, une espèce de champignon méconnue qui se dévelope de préférence dans les environnements à PH basique.
Je médite une vengeance.