De la Politique du photocopieur
(Amelie Nothomb aurait pu penser à ce titre, ça déchire son cousin l'archevêque de se dire ça quand même : AMELIE NOTHOMB ET MOI ON AURAIT PU AVOIR LA MEME IDEE. Ben puisque je te le dis.)
En ce moment dans ma vie ami lecteur y se passe pas grand-chose à part des cuites memorables en compagnie de gens agréable de ramage tout autant que de plumage, dans des bars au décor de mille et une nuits dont même un petit balcon, tout ça au-dessus d’une ruelle typique nippone enguirlandée de fleurs pour célébrer le Festival des Etoiles[1].
Mais je sens bien que ce n’est pas ce qui
t’intéresse, ami lecteur. Si je te parle des live houses du Shinjuku interlope,
là ou je vais regarder de jeunes éphèbes Rock’n’Roll se déhancher derrière une
guitare qui aimerait sûrement avoir la parole pour dénoncer des abus sexuels
manifestes, je sens que tout ça va t’ennuyer. Du coup je vais pas non plus
rentrer dans les détails des beuveries qui s’ensuivent dans la live house
jusqu’ à des heures indues en compagnie des éphèbes susmentionnés, là aussi je
Très bien, puisque c’est comme ça, je vais
te parler de ce qui te fait frétiller.
Je vais te parler de photocopies.[2]
Parce que faut pas croire, ami lecteur, mais c’est une vraie
responsabilité politico-culturelle cette connerie. Chez nous, les Maitres de
l’Univers du homard canadien surgelé et du container en plate-forme qui se
charge par le dessus, un acte aussi anodin que le classage d’une photocopie peut
générer un conflit politique. Car oui, dans mon nouveau boulot j’évolue dans
les hautes spheres du pouvoir.
AH.
Je sens le doute qui ta bite. Très bien je sens qu'il va falloir un exemple, je donne donc un exemple :
Ce matin encore, j’ai fait de
la politique européenne. SI C'EST VRAI. Parce que figure-toi que lorsque je trie en faisant clac clac, je
me base sur une liste de gens et de pays pour attributer sa tâche quotidienne à
chacun. Exemple : Yamada c’est la Suisse, SAUF LE NUTELLA CA C’EST YOSHIDA, si
tu te plantes ta carrière est foutue, on t’a bien dit, fais gaffe un peu merde. Eh ben ce
matin on a un chargement qu'est arrivé de Turquie, je savais même pas qu'ils exportaient ces cons-là. Comme il s'agissait d'un cas de jurisprudence, je savais pas très bien à qui attribuer le pays. Eh ben tac, ça n'a fait ni une ni deusse, je te m'ai collé la Turquie dans le tas
du mec qui fait les imports de l’UE, ouais comme ca. Comme je te parle, la, eh ben je viens
de poser un acte politique.
Enfin n’y vois pas non plus une prise de position catégorique, ami lecteur, mais plutôt un rapport direct de cause à effet entre la longueur de mon bras et la disposition de mon bureau. Je vais te dire, le tas de l’Europe était plus près que celui du Proche-Orient, je crois en l’effort minimum et c’est le seul credo que je sois en mesure d’invoquer pour justifier ce choix audacieux.
Quand on voit à quoi ce genre de décision
tient, ca fait réfléchir ami lecteur. Si ça se trouve à Bruxelles ils ont les bras un peu courts. Enfin j'dis ça j'dis rien.
Tiens un autre exemple de mon influence rampante qui m’amènera un jour à la croquette du monde : on se rappelle tous qu’il était question que je gère la doc d’importation de UN pays pour moi toute seule. Eh ben mon cochon, j’en ai eu trois. Eh ouais. TROIS. (3). (III), même. Et pas des pays de pédé attend, tu vas voir un peu. Allez je fais pas durer le suce-Spencer plus longtemps, je vais te donner le noms des vainqueurs : (nous allons faire appel à Annie Poirel pour agrémenter l'interlude qui suit)
Toudoudoum toudoudoum toudoudoum
Le
Toudoudoum Toudoudoum Toudoudoum
La Malaisie!
Et notre concurrent complémentaire :
Toudoudoum… Bon ok arrête ça Annie tu fatigues tout le monde
Singapour!
Bon c’est vrai que du coup l’argument de la
coke et du café
Voilà. A part ca mes collègues bossent jusqu’à 21h tous les jours, y paraît que bientôt ce sera mon tour. Enfin pour le moment c’est surtout de grandes plages d’ennui entre de brèves sessions de claquage de document avec du latex sur le doigt… Mais on a déjà causé du douloureux problème des stations de travail à la japonaise, inutile donc de répondre a ceux d’entre toi qui me demandent ce que je branle au lieu d’en profiter pour aller faire grimper leurs statistiques lectoriales (c’est un mot si je veux) que si je fais ca, et je pense surtout à ceux d’entre toi qui postent des photos de fesses, de strings et de femmes à la vertu de dimension comparable au mini-maillot de bain qui fait semblant de leur cacher les tetons et ce que nous amis allemands nomment pudiquement la Bikini-Zone, eh ben si j’ouvre ce genre de page web, mon chef le voit tout de suite, et mon sempai une micro-seconde après vu qu’à peu près tout le bureau a une vue imprenable sur mon écran. Tiens là pour écrire par exemple j’ai pris une police minuscule et je suis en train de faire semblant de prendre des notes sur ce que le sempai m’a expliqué dans la journée, pour toi donc ami lecteur, pour TOI je suis en train de a) me faire saigner les yeux et b) passer pour une demeurée qui a besoin prendre des notes pour se rappeler du moindre truc, et qui se colle probablement un post-it sur le poignet avec un plan pour retrouver le chemin des chiottes.
Voilà je cherche un truc intelligent à dire pour terminer là, mais je trouve pas.
Ah si : mangez des pommmmmmes.
[1] Le festival est a la culture du travail japonaise ce que la greve
est a la culture du travail francaise. Nos amis nippons totalisent le plus
grand nombre de jours feries au monde, durant lesquels on est suppose ne pas se
rendre au bureau afin de consacrer la journee a rendre un homage bien merite a
la divinite Shinto du jour. Mon prefere : le festival des plantes. C’est tout.
Ya un jour ferie c’est le festival des plantes, point barre. Le jour du
festival des Plantes si t’as envie t’as toute la journee pour exprimer ta
reconnaissance sans bornes a Gaspard le Geranium qui te procure oxygene et
agrement sur ton balcon. J’attends le jour du Vert pour astiquer les feuilles
de Salope, la plante de compagnie que
[2] Je t’ai drolement bien cerne quand meme non.