Osakamse les couilles
(oui moi aussi je peux faire Eric et Ramzy si je veux)
Bon ami lecteur, je vais plus faire la blague sur la poussière qui a fleuri, les fleurs de cerisier qui ont tombi, le pain qui a moisi et le litron de chouchenn qu'est descendi, parce que rendue à quasiment un an d'absence, j'ose plus.
J'en suis même presque à espérer que t'es allé te faire mettre ailleurs chez la concurrence et que personne ne sera là pour m'accueillir sur le pas de la porte avec le rouleau à pâtisserie et les bas qui plissent, en gueulant un truc du genre "c'est cette année-ci qu'tu rentres?".
Bon je te cache pas que si je reviens, c'est pas uniquement parce que tu me manquais atrocement.
C'est qu'en ce moment j'ai du temps.
J't'explique tout de suite pourquoi : l'année passée, j'ai passé quelques mois excitants comme un épisode de Derrick qui gratte un tac au tac au PMU. Ce furent des mois occupés à donner mes larmes, mon sang et ma santé mentale à l'Entreprise, laquelle s'en foutait comme de son premier licenciement, est arrivé le moment où fallait plus en douter, c'était pas uniquement de ma faute ni de celle de l'Entreprise, mais on était pas vraiment faites l'une pour l'autre, tu sais comment c'est, tu commences par être super pote avec jacotte ta nouvelle binôme au cours de biologie quantique et vous vous y entendez comme lardons en poêle quand il s'agit de faire les oursins avec le bec bensen, mais bon à force de toute cette promiscuité et cette odeur de sourcils grillés, au bout d'un moment c'est forcé, jacotte a plus la cote. Donc les larmes ils ont bien vu que c'était pas des vraies et que je voulais juste des vacances, le sang ils en ont bien voulu, mais juste un échantillon pour l'examen médical, et la santé mentale, après tout ce que j'ai fait subir à la photocopieuse ils avaient déjà compris que c'était pas du bélouga gros grain.
Donc voilà, je te fais un condensé de l'entretien fatidique avec le gros patron allemand :
LUI . t'es là depuis deux ans, tu fais moins de volume que tes collègues. Explication?
MOI : c'est pas si mal, ya six mois je savais pas encore en quoi consistait le boulot.
LUI (commence à s'étrangler) : t'es pas japonaise mais tu taffes en japonais dans un domaine où tu comprends rien, on se demande comment t'as réussi à te faire engager.
MOI : J'ai vu de la lumière, chuis rentrée.
LUI : ... Charrette.
Donc inutile de te dire que lorsque le patron de la division d'en face arriva en pleurant qu'il avait besoin de gens pour Osaka et que personne voulait y aller, mon patron s'est pas fait prier. Là aussi, condensé de leur conversation :
LUI : t'as pas des gens dont tu veux te débarrasser? Il nous en faut pour déporter à Osaka.
Mon patron : J'AI.
(toute ressemblance avec le départ des bagnardes françaises pour repeupler les colonies de Guyane est fortuite ça va sans dire).
Donc me voilà, sous quinze jour, emballée et expédiée à Osaka pour bosser dans un entrepôt où on pourrait garder la bière au frais si on avait pas peur qu'elle gèle.
J'ai essayé d'arranger le coup en vendant l'affaire à papa et maman comme un déménagement vers l'AUTRE grand centre du Japon, une formidable expérience humaine et culturelle comme personne n'en a jamais vécu, à part peut-être Amélie Nothomb ou les sociologues de l'extrême, mais eux ça compte pas parce que Amélie Nothomb elle est maso et les sociologues, ils sont sociologues.
Inutile de te dire que papa et maman se sont pas trop laissé rouler dans la farine et que papa s'est contenté de me dire qu'y avait intérêt à ce que je me retrouve pas seule armée d'un crochet face à une troupe de dockers imbibés.
Mais j'ai été inflexible et j'ai bien tout expliqué, papa les dockers c'est sur les docks, dans les entrepôts on appelle ça des caristes.
D'ailleurs j'ai décidé d'en faire un film éponyme avec une chorale dedans. Je vais écrire à Jugnot pour lui proposer un rôle, y a de la thune à se faire.
Bientôt dans ton écran youtube : "les caristes", avec gérard jugnot dans le rôle d'une caisse de bière gelée.
(ah oui, j'ai oublié la photo)
Comme j'en avais pas je te mets un lien.
pourquoi le joker n'a jamais craché le morceau sur la greluche et l'avocat en patchwork
Joyeux noel ami lecteur